mardi 22 septembre 2009

Le boulot

Quand tout commence par un sourire... quelle chance.

Quand j'ai décidé de ce que j'allais faire de ma vie à 17 ans, j'avais le sourire.

Après avoir rêvé d'être infirmière, médecin, prof d'anglais, puis avocate internationale (s'il vous plaît...) je suis sortie de mes test d'orientation avec 80% d'aptitude dans le social, et finalement ça me convenait très bien. Contrairement à certains de mes amis qui se sont cherchés longtemps (certains se cherchent toujours hum hum), j'ai trouvé mon chemin professionnel rapidement.

J'avais aussi le sourire ma première nuit à la croix rouge française pour faire la tournée du samu social. J'y ai appris beaucoup. J'ai compris que ce sont souvent ceux qui ont le moins qui donnent le plus. J'ai vu beaucoup de grandes âmes qui donnent de leur temps, certains le font pour se réparer, pour briser leur propre solitude. C'est souvent ceux qui ont le moins, qui donnent le plus, comme dirait Francine. En fait, chez les bénévoles il y a un peu de tous les horizons, c'est un microcosme, un équilibre fragile. Alors forcement il y a le bon et le mauvais coté. Mais on y trouve une chaleur humaine, un esprit d'équipe et une solidarité très exacerbée.



En 2003, entrée dans une école de travailleur sociaux. Alors là, j'ai rapidement compris qu'il n'y avait pas qu'un seul modèle de travailleur social... mais j'ai surtout été plongée dans ce pour quoi on n'est pas préparé... la déception du genre humain en général...
Ah non mais vraiment, on imagine pas ce qu'un humain peut en faire à un autre... J'ai eu le sang glacé dans les veines un sacré nombre de fois. Mais j'ai aussi appris à tout faire pour rester de marbre... pour dépasser ce sentiment d'impuissance quand une femme battue retourne chez son mari avec ses enfants après 3 longues heures d'entretien. On apprend à rentrer chez soi et à laisser ses valises professionnelles à la porte. En fait on apprend à lâcher prise, pour tout simplement continuer à vivre. Dure école... cette école de la vie. On est confrontés au pire et rarement au meilleur. Mais cela reste un métier merveilleux d'après moi, on se sent utile, on croit en ce que l'on fait (particulièrement les premiers temps, il parait...).



Quand on entre ensuite dans la vie professionnelle, on comprend rapidement qu'avant ben... on a jamais été débordé...
Je me rappelle ne plus avoir su par quel bout commencer et surtout accepter que je ne suis pas wonderwoman... on ne peut pas "sauver" tout le monde... et certains ne veulent pas l'être. Accepter que chacun a son libre arbitre, être ouverte d'esprit sans pour autant piétiner mon code moral, difficile équilibre... que je cherche encore et chercherai peut être toujours. Dans mon métier rien n'est jamais acquis.
J'ai bien sur eu droit au coup du chef qui a tout du dictateur : les services secrets, la surveillance, les coups bas, les tortures et la méchanceté gratuite. Ah... pauvre femme finalement elle m'a pourri la vie presque un an... mais je n'envie pas sa vie de femme proche de la retraite, qui est encore Melle (et donc pas d'enfants bien entendu... ), qui n'a rien d'autre pour s'occuper que le travail et son super méga statut du chef de 18 personnes (youhou... la classe), et qui vit seule avec sa mère âgée et malade (ambiance...). La roue tourne, et les fâcheries professionnelles font partie de la vie. Mais celles avec les collègues et la hiérarchie sont particulièrement dures à gérer, particulièrement quand on a pas la même vision de son travail... et dans le social chacun a finalement sa conception de son métier, son éthique.
Je fais partie des utopistes, je suis du genre à monter des barricades quand je vois l'injustice... sans doute un héritage de mon grand père. Je ne sais pas si ça me passera un jour, je dois juste apprendre encore et encore à prendre du recul et à encaisser...
J'y arriverai... un jour j'y arriverai...

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